La justice américaine ne tuera pas le condamné à mort. C’est un succès pour ses soutiens, dont l’Humanité, à l’occasion du 30e anniversaire de son arrestation, qui
appellent à poursuivre la mobilisation.
Le compte à rebours macabre s’est arrêté. Mumia Abu-Jamal ne sera pas tué. Le procureur de Philadelphie, Seth Williams, a décidé, mercredi, de lâcher prise. La
justice de l’État de Pennsylvanie renonce définitivement à la peine capitale à l’encontre du journaliste et ancien militant des Black Panthers, après l’avoir injustement condamné à mort en 1982.
Mumia va enfin sortir du couloir de la mort de la prison de Green, cet « enfer », comme il l’avait baptisé. L’événement sera célébré aujourd’hui et demain, en France et aux États-Unis, lors de
manifestations initialement organisées à l’occasion du 30e « anniversaire » de son arrestation. « Pour tous les soutiens internationaux, c’est un succès », a déclaré Jacky Hortaut, du collectif
unitaire français, qui a rendu visite mercredi à Mumia, en compagnie de l’universitaire Claude Guillaumaud-Pujol.
Une mobilisation à l’image de mandela
Affiches, pétitions, manifestations, rassemblements, débats, ceux qui ont pris fait et cause, dont notre journal, pour le célèbre condamné à mort, n’ont eu de
cesse, ces trois dernières décennies, de réclamer justice. Tout comme pour Nelson Mandela lorsqu’il croupissait dans une geôle de l’apartheid dans l’indifférence la plus totale, plusieurs
municipalités communistes ou à majorité de gauche, convaincues de son innocence, l’ont érigé au rang de citoyen d’honneur de leur ville. Leur combat pour sauver Mumia Abu-Jamal et, plus
généralement, en faveur de l’abolition de la peine de mort, n’aura pas été sans mal. Car cet homme, désormais âgé de cinquante-sept ans, qui a donc passé la moitié de sa vie dans l’antichambre de
la mort, dérange. Ses engagements, ses chroniques contre la corruption et le racisme dans les milieux de la justice et de la police ont fait de lui une cible à abattre. Son procès inique, comme
reconnu par nombre d’organisations, en atteste. Une demi-justice a donc été rendue à Mumia. Elle ne sera pleine et entière qu’une fois que la « Voix des sans-voix », comme l’avaient surnommé ses
auditeurs, pourra prouver son innocence dans le cadre d’un procès équitable, en dépit du veto de la Cour suprême, la plus haute juridiction des États-Unis, qui refuse toute révision. Il
n’empêche, le gouverneur de l’État de Pennsylvanie a le pouvoir de gracier Mumia. Les pressions politiques et citoyennes ont permis, par le passé, de le sauver, à deux reprises, d’une exécution
pourtant programmée.
Cathy Ceïbe
Mumia Abu-Jamal « Un précieux soutien pour moi »
« N’oubliez surtout pas de dire à tous les Français qui, depuis des années, s’occupent de mon affaire et de ma situation, que je leur porte beaucoup d’amour. Je ne
sais comment je pourrai les remercier tant leur soutien aura été précieux pour moi. Tout comme le journal l’Humanité et ses lecteurs qui sont formidables.
Ces soutiens, je les ai en tête en permanence. Ils ont été toute ma vie depuis trente ans. Quoi qu’il arrive, le combat continue. »
Mumia Abu-Jamal