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  le blog pcf-nimes

Front de Gauche Nîmes

Projet populaire et partagé : Rencontre sur l’éducation organisée par la section PCF de Nîmes mercredi 19 janvier 2010

Publié le 25 Janvier 2011 par section pcf nimes

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22 participants, en majorité enseignants ; 5 excusés.

 

   1. But de la rencontre.

   Les mouvements sociaux de la fin de l’année 2010 (mouvement sur les retraites, mais aussi action victorieuse sur le collège Diderot, actions sur les C.A.E….) ont été à la fois puissants et radicaux. Le ras – le –bol face à la politique de la droite est très fort. C’est la société capitaliste elle-même qu’un grand nombre de gens remettent en cause. Pour autant, beaucoup doutent de la capacité de la gauche à changer vraiment les choses, à élaborer un projet crédible, novateur et transformateur pour le pays et pour la vie de ses habitants : tel syndicat parle de « défaut de relais politique à la fois crédible et exigeant ».

   C’est pour combler ce fossé entre les attentes et les perspectives perçues, que le Parti Communiste a lancé le principe d’un projet populaire et partagé. Pas un projet pour lui seul ; un projet pour le Front de Gauche dans l’élaboration de son « programme partagé », pour la gauche et pour le peuple en général : « Ce que la gauche devra faire », c’est l’objet de cette démarche. La méthode, c’est de construire le projet tous ensemble : à la fois membres des partis ou non, syndicalistes, acteurs associatifs, professionnels, techniciens ou spécialistes, ou simples citoyens concernés par les sujets abordés, chacun comptant pour un, apportant ses idées et restant libre de ses opinions. Nous voulons que les citoyens ne soient plus spectateurs, mais acteurs de la vie politique.

  Par conséquent, ce pacte populaire est bien sûr un approfondissement pour des candidats aux futures échéances électorales, afin de ne pas tromper les parents, enseignants, citoyens sur l’école. Et c’est aussi une réflexion pour nourrir l’intervention populaire dès maintenant : intervenir comment ? sur quoi ?

   La situation actuelle n’est pas satisfaisante. Le système actuel est ressenti comme en crise par les parents, les élèves et étudiants, les professionnels. Il faut donc le changer, profondément et radicalement, mais pas dans l’optique des multiples réformes qui ont lieu ces dernières années.

 

   2. Objectifs du système éducatif dans la société.

 

a)      Quel besoin d’école pour la société ?

   En poussant, on pourrait dire que le libéralisme n’a pas besoin d’école, car ceux qui sont dans de bonnes conditions trouveront les moyens d’apprendre ; donc il la détruit.

   Plus exactement, il s’agit d’amener une petite part de la future génération (reproduisant la précédente) à être plus formée, parce que l’économie est davantage structurée par des savoirs complexes ; tout en refusant à la majeure partie de cette génération la maîtrise complète des connaissances.

   Il s’agit aussi de rentabiliser, de marchandiser le système éducatif : puisque ça sert, les familles sont prêtes à payer (d’où l’individualisation de l’enseignement par exemple).

   Au contraire il nous faut affirmer le système éducatif comme un bien commun non monnayable. Donc mêmes exigences et mêmes objectifs pour tous, et gratuité.

Etre de gauche, c’est réaffirmer  pour l’Education Nationale l’ambition d’assurer un horizon commun à tous les enfants.

 

  b. Luttes pour l’école et luttes sociales.

   L’école n’est pas isolée, il faut remettre l’éducation en perspective. Ne pas accepter les inégalités sociales telles qu’elles existent.. Luttes pour l’école et luttes pour la transformation de la société, des conditions de vie des gens ne sont pas séparables. Ainsi améliorer  l’urbanisme, supprimer les ghettos sociaux, assurer la mixité sociale sont indispensables si on veut construire pour l’éducation autrement que sur du sable.

   Donc on ne doit pas avoir pour objectif une pseudo « égalité des chances », mais une égalité réelle  entre les familles : pas de fatalité sociale, ni de fatalité géographique.

Plutôt que de parler d’ « égalité des chances », défendons « la réussite scolaire » pour tous.Une véritable Education Nationale doit créer les conditions d’une réussite scolaire pour tous (à comparer avec les 150.000 jeunes qui sortent sans rien du système scolaire), être la garante d’une école équitable pour tous sur tout le territoire.

 

 c. Citoyenneté et formation professionnelle.

   Former des citoyens : accord unanime.  

   Les familles aspirent à ce que les enfants sortent avec un métier. Mais si les jeunes n’ont pas de métier, ou d’emploi, ce n’est pas la faute de l’école, mais de la politique de mise en concurrence des salariés (chômeurs= armée de réserve).

   Y a-t-il opposition entre formation des citoyens et  formation aux métiers ? Oui si celle-ci est étroite, si on est étroitement « adéquationniste » = formation strictement aux métiers dont on a besoin à un moment donné dans une région donnée. Non si l’on traite de front objectifs  humanistes et culturels, connaissances utiles pour s’insérer dans le monde où l’on vit, et commencement de la construction du professionnel ; à quel âge commencer ce dernier aspect ? sûrement pas à 14 ans (refus des orientations précoces) ; 16 ? 18 ? Il s’agit aussi de reconsidérer l’image et la place des enseignements technologiques et professionnels.

   Obligation scolaire de 3 à 18 ans. Refondation républicaine d’un Grand Service Public National d’Education, intégrant la petite enfance et la formation professionnelle (y compris celle qui est assurée par les régions, ou abandonnée au patronat).

 

  3. Au cœur : la lutte contre les inégalités. 

 

a.       L’aggravation des inégalités à l’école.

   Le rapport Pisa de l’OCDE (comme celui de l’UNICEF sur les « enfants du monde »)  insiste sur le fait que le système scolaire français reproduit les inégalités sociales . Il est même dit maintenant qu’elles les aggravent.   L’aggravation des inégalités scolaires depuis 10 ans, le fait que « l’école républicaine ne corrige plus les inégalités sociales, elle les décuple » (HD de cette semaine) : ceci est scandaleux. C’est aussi dommageable pour le pays tout entier, qui n’est plus dans le peloton de tête des générations les mieux formées.

   Mettre la lutte contre les inégalités au cœur de la transformation du système éducatif est donc à la fois un impératif moral, social et national.

 

b.      L’éclatement de l’Education Nationale.

   Avec les fermetures massives de postes, ce n’est plus de dégraissage qu’il s’agit. On s’attaque à l’ossature même de l’Education Nationale. D’où l’importance de la journée du 22 janvier sur la défense du service public d’Education Nationale, et de ses suites.

   Les projets CLAIR (et l’an prochain ECLAIR, avec l’adjonction des écoles), sous couvert d’innovation pédagogique, assignent des objectifs spécifiques aux enfants de ces établissements : le socle commun et non la totalité des programmes, et l’orientation vers l’enseignement professionnel . Cela revient à désolidariser ces établissements des objectifs de l’Education Nationale (cela va d’ailleurs de pair avec, pour les personnels,  la désolidarisation du mode de fonctionnement de la Fonction Publique). De même les projets de créer des « écoles du socle », en regroupant écoles et collèges, notamment en zone rurale. Dans les L.P., le passage du bac professionnel en 3 ans au lieu de 4 aboutit à empêcher la poursuite d’études supérieures pour les bacheliers pro ; ceci recrée  la déqualification des filières professionnelles que le bac pro avait quelque peu atténué. Ainsi les 400.000emplois peu ou pas qualifiés ne trouvant pas preneur (d’après le rapport Thénot) se trouveraient pourvus. A tous les niveaux, les structures spécialisées pour les enfants handicapés ou en grandes difficultés (IME, UPI, SEGPA, ULIS, CLIS, RASED, CMPP…) sont celles qui souffrent le plus des restrictions de moyens.

Ce qui induit une externalisation du traitement de la difficulté scolaire et met les familles de plus en plus seules face aux problèmes de leurs enfants à l’école. Ce qui sous prétexte de responsabilité des familles contribue à entretenir  un sentiment de culpabilité et d’impuissance.

   Inversement, certains établissements de quartiers « privilégiés » sont en capacité, malgré la baisse des moyens, de créer des « approfondissements » en plus des programmes ; l’idée étant de « fixer une clientèle ». De même, avec l’autonomie des établissements, la direction de tel lycée de centre-ville, avec la chute des moyens, propose de maintenir tels quels les enseignements à option dans la « filière d’excellence », en rognant sur les heures de tronc commun. Le Ministère essaie (avec difficultés) de créer ses « internats d’excellence » destinés à faciliter les études de quelques – uns, triés individuellement.

   L’instauration des livrets de compétence, ou des évaluations (ex : CM2) vont aussi dans le sens d’un tri individuel privilégié par rapport aux acquisitions de savoirs et savoir-faire (alors que les enseignants ont une formation universitaire axée sur les savoirs et non sur le triage).

  Ainsi s’installerait non plus « une » Education Nationale, mais un système complètement éclaté entre établissements autonomes et concurrentiels (de même pour les Universités, avec les pôles d’excellence). Les inégalités scolaires ne sont pas niées. Mais on les accompagne et même on les accentue, toujours en les traitant au niveau individuel.  

   

c.       Des objectifs communs pour tous.  

   Le rapport Pisa place aux premiers rangs des pays la Finlande ou la Corée du Sud, qui ont des fonctionnements scolaires et éducatifs très différents, mais le point commun de scolariser tous les élèves dans le cadre d’un système scolaire à objectifs identiques pour tous.

   En même temps, les enseignants soulignent la difficulté de travailler quand il y a un grand poids des problèmes socio-culturels dans les classes : ainsi, on peut difficilement mettre en place des ateliers personnalisés quand l’attention moyenne est faible ; « nous ne faisons pas le même métier ici ou là » disent-ils parfois. Donc : moyens et méthodes différenciés.

   Mais objectifs communs, horizons communs à tous. Parler de donner priorité aux maternelles et aux ZEP sans remettre en cause le « socle commun », comme le fait le projet du PS actuellement, est aussi illusoire que parler de la retraite à 60 ans sans remettre en cause les 42 annuités.

  Les programmes (et les évaluations) doivent être conçus en fonction d’ un élève moyen ; pas, comme maintenant, pour un enfant « en connivence » avec l’école, qui entend quotidiennement la même chose chez lui et à l’école ; mais pour un enfant qui n’a que l’école pour acquérir les savoirs et les modes de pensée scolaire.

   Ceci, c’est l’esprit du programme du CNR, du plan Langevin-Wallon, qu’il faut retrouver dans les conditions de notre époque.

 

d.      Importance du fonds de lutte contre les inégalités.

   Cela découle de ce qui est indiqué précédemment. C’est sans doute, avec bien sûr les moyens globaux  nécessaires, la mesure la plus importante d’un projet progressiste.

   Comment le mettre en place ? Par zone ? (type ZEP) cela mettrait à l’écart des centaines de milliers d’enfants en difficultés socio-culturelles hors de ces zones. Par individu ? cela ramènerait au mode de pensée actuel, qui minimise les conditions sociales et culpabilise les « mauvais élèves » et leurs familles.

 

   4. Autres aspects abordés.

 

a.       Maternelles.

   Les défendre, dans l’optique de ce qui est indiqué précédemment. Les améliorer encore dans leur contenu. Scolarité obligatoire à 3 ans.

   Pour les 2 ans, ne pas opposer maternelles et crèches prolongées en jardins d’enfants. Il s’agit aussi de respecter le choix des familles, un choix consenti et non subi . L’Etat doit donner les moyens sur tout le territoire de créer suffisamment de places en structures d’accueil comme en école maternelle pour que les parents qui le souhaitent  puissent scolariser leurs enfants dès 2 ans.  Le Grand Service Public National d’Education doit inclure la petite enfance, et organiser en son sein des solutions diversifiées suivant la situation des familles et la géographie.

 

b.      Personnels.

   De même qu’il doit y avoir unification des objectifs de l’E.N., il doit y avoir unification de ses personnels. Défense de la fonction publique . Pas d’opposition entre enseignants (état) et non enseignants (collectivités, elles-mêmes étranglées par la politique actuelle).

  Les attaques contre le statut de fonctionnaire font partie intégrante du processus d’affaiblissement des services publics. Dans l’éducation, il y a urgence à réaffirmer la nécessité d’un statut de fonctionnaire d’Etat.

   C.A.E. et autres précaires. A court terme, défense de ces personnels et de ces emplois.  Mais à moyen terme : refus de la précarité, tant des personnels que des moyens des établissements. Postes E.N. titulaires. 

   Formation de qualité pour tous.

 

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