Le 90ème anniversaire du PCF dans le Gard

La commémoration du 90^eanniversaire du PCF est une excellente initiative. Nous ne sommes pas nés de rien et nous sommes porteurs des valeurs et aussi parfois des défauts de nos origines.

Nous sommes tributaires d’un double héritage. D’abord de la décision majoritaire du Congrès de Tours en 1920 de l’ancien Parti Socialiste. Nous ne sommes donc pas un greffon artificiel. Et nous sommes aussi les héritiers de la Révolution bolchevique de 1917 en Russie. Celle-ci avait suscité un immense espoir parmi les Peuples : pour la première fois, le Socialisme était proclamé dans un pays. Cette expérience, historiquement conditionnée, a été jalonnée de crimes que n’effacent pas les succès qu’elle a remportés. L’Union Soviétique s’est effondrée en 1991. L’espoir pourtant était légitime et la tâche de notre génération est désormais d’inventer une nouvelle voie pour un Communisme de notre temps. Le chemin est ardu. Nous sommes en phase de recherche et le doute nous taraude, mais était-ce plus facile pour les descendants de la Commune de Paris écrasée dans le sang ?

Au cours de ces 90 années, nous nous sommes parfois trompés, nous avons aussi commis des erreurs, mais la contribution des Communistes français au progrès humain a souvent été décisive. D’autres diront l’apport du PCF aux victoires du Front Populaire ; à la Résistance à l’occupant nazi ; au redressement de la France après la Libération ; à la Paix. Je voudrais pour ma part, en tant qu’acteur avec beaucoup d’autres communistes, témoigner de l’anticolonialisme du PCF . De la guerre du Rif en 1925 au Maroc que combattit le PCF, à la lutte contre les guerres d’Indochine et du Vietnam dans les années 50/60, puis contre la guerre en Algérie, notre parti a toujours été aux côtés des peuples opprimés et il a soutenu les Peuples colonisés en lutte pour leur Indépendance. Bien sûr, il nous est arrivé là aussi de commettre des erreurs, mais nous avons souvent été bien seuls dans ces combats. Nombreux sont les donneurs de leçons qui aujourd’hui tentent de le faire oublier. Concernant l’Algérie, nous avons longtemps été pratiquement les seuls à nous prononcer en faveur de son Indépendance et pour la négociation avec le FLN alors seul représentant authentique du Peuple algérien, dont il dirigeait la lutte. Déjà en 1934, c’est à l’initiative du Comité Central du PCF que fut créé le premier mouvement indépendantiste L’Etoile Nord Africaine qui sera dirigée par Messali Hadj. Lorsque fut déclenchée l’insurrection le 1^ernovembre 1954, notre parti n’a certes pas immédiatement demandé l’indépendance, ce qu’il fera à partir de1956, mais il s’est aussitôt prononcé en faveur de « la revendication nationale de l’immense majorité du peuple algérien » et il a condamné la répression dans laquelle s’engageait le gouvernement français. On nous a reproché le vote, en 1956, des pouvoirs spéciaux dont le socialiste Guy Mollet s’est servi pour aggraver la guerre contre le Peuple algérien. C’était en effet une erreur. Mais dès 1957, le PCF a condamné la poursuite de cette politique et les Communistes ont pris tout au long de cette guerre injuste et cruelle une part importante. Alban Liechti qui refusa de porter les armes contre le Peuple algérien était communiste. Marc Sagnier jeune ouvrier d’Aigues-Mortes qui prit la même décision était communiste. Il le paya de 11 mois de bagne, dans le désert saharien, à Tinfouchy.

Ce sont ces valeurs dont nous sommes aujourd’hui encore porteurs quand nous nous prononçons contre la guerre en Irak ; quand nous luttons au côté du Peuple palestinien contre l’occupation de son territoire par Israël ; quand nous combattons le néocolonialisme.

Tirons les leçons du passé. Faisons vivre nos valeurs et débarrassons-nous des conceptions erronées. Le combat contre le capitalisme, dans sa forme actuelle, est plus que jamais d’actualité. Inventons un chemin nouveau vers une société plus humaine que nous appelons communiste. « Lecommunisme est la jeunesse du monde »

Bernard DESCHAMPS

Ancien membre du Comité Central du PCF