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  le blog pcf-nimes

Front de Gauche Nîmes

CONGRES EXTRAORDINAIRE DES 8 ET 9 DECEMBRE : intervention de Jean-Paul Boré

Publié le 14 Septembre 2007 par section pcf nimes in CONGRES EXTRAORDINAIRE DES 8 ET 9 DECEMBRE 2007

Intervention de Jean Paul Boré
 assemblée générale de la section de Nîmes PCF 11 septembre 2007
 
Parce que je veux demeurer perméable à toutes les idées, je prends en compte les diverses interventions qui se font jour depuis les élections du printemps. Trop longtemps j’ai été de ceux qui se contentaient de défendre ce que pensait tel ou tel ou la direction sans écouter la différence. Cela continue de nous guetter et il faut définitivement s’en débarrasser au risque de débarrasser le plancher de la révolution.
Aussi je tiens compte que l’on parle enfin de la visée communiste du 21ème siècle alors qu’il y a quelques mois, c’était un considéré comme un gros mot par certains, pis encore, traité comme de l’activité fractionnelle dès lors que l’on voulait en débattre à plusieurs.
Cette période m’a fait souvenir d’un autre cas historique où je m’étais comporté comme tel avec la majorité du parti. C’est quand P Juquin avait prononcé cette phrase «  le centralisme démocratique qui nous régit est majoritairement dominé par le centralisme et la démocratie n’ y a que peu de place » P Juquin fut verbalement vilipendé au 25ème congrès et il fallut tous les efforts de JF Meyer pour que les membres de notre délégation ne le raye pas lors du vote pour le CC. Le congrès d’après abandonnait définitivement dans ses statuts, la référence au centralisme démocratique comme mode de fonctionnement.
Or, quelle n’est pas mon inquiétude à nouveau quand je lis sous la plume d’un de nos tout premiers dirigeants, qui au demeurant a parfaitement le droit et je dirais le devoir, de donner son point de vue, pensant pouvoir contourner les obstacles de notre division y compris à la direction (je le cite) « la solution est simple mais douloureuse du fait de notre culture : il faut que les militants choissent entre les différentes cohérences politiques qui existent dans tout le parti et qu’une direction avec une majorité » claire soit composée en fonction de ce choix » (fin de citation.)
Je ne choisi personnellement pas ce chemin, mais celui de la diversité avec toutes les obligations y compris sur soi même en terme d’effort qu’elle comporte. Ma seule certitude, est que ce sont les communistes qui au bout devront répondre à ces questions.
C’est pourquoi je ne m’inscris pas pour ma part, dans quelque recomposition que ce soi, et encore moins derrière qui que ce soit.
Autre chose est de décider de ne pas préparer notre congrès entre nous.
Nous affirmons vouloir ouvrir le débat. Fort bien, mais attention à ne pas refaire le coup d’écouter et de bétonner pour que rien ne change. Et je suis de ceux qui ne confondent pas « tout mettre sur la table » et « tout déballer » 
Je suis pour un débat où les idées se croisent et non s’entrechoquent de manière stérile.
 
***
 
Nous sommes à un moment décisif qui ne durera pas forcément.
Nous ne sommes pas en présence de n’importe quelle rentrée.
Sarkozy applique son programme et se sent fort de dire qu’il a été élu pour cela. 
Nous sommes affaiblis comme jamais nous ne l’avons été. En d’autres périodes nous avions pour moins de députés près de 4 millions de voix. Alors attention à toute comparaison hâtive qui rassurerait sur notre situation.
La gauche se cherche, des tentatives de recomposition à la hâte se font jour.
Certes, la victoire de Sarkozy est la conséquence d’une grande, très grande opération de communication et plus encore, mais il n’en demeure pas moins qu’elle a réussi avec les conséquences idéologiques qui vont avec.
Aussi grandes soient les attaques portées à notre système social d’après guerre, il n’ y aura pas mécaniquement de riposte politique à la hauteur des enjeux. Riposte sans doute (quoi que, il ne suffit pas de bomber le torse) mais notre devoir politique nous interdit de nous réfugier seulement dans la riposte.
Nous sommes condamnés à viser loin en terme de projet et non pas seulement de programme, en terme idéologique et non pas seulement de stratégie.
Que l’on me comprenne bien. Nous ne saurions mégoter sur les efforts à porter sur la riposte nécessaire à la politique de Sarkozy. Si nous passions à autre chose au moment où la France court le risque d’une véritable rupture qualitative avec sa colonne vertébrale, contre laquelle le capitalisme butte depuis 60 ans ; je pense à la protection sociales, aux services publics, à la retraites, nous serions définitivement en rupture avec notre peuple.
Cependant, nous devons nous comporter en parti politique construisant une alternative à un système en train de devenir fou, et qui met toute la planète en danger.
Je pense également aux prochaines échéances électorales municipales et cantonales, qui doivent selon moi, s’inscrire à la fois dans cette riposte et la construction, j’ose le mot, communiste de demain.
 
A ce propos, j’en viens à l’essentiel de mon propos.
Il me semble que nous sommes placés devant deux questions.
 
  1. Est-il pertinent de parler de communisme au 21ème siècle ?
 
  1. Le Parti communiste français tel qu’il est correspond-t-il au besoin de notre temps ?
 
Le congrès devrait être saisi de ces deux questions, je dirai pour remettre le débat à l’endroit afin de ne pas en rester à la seule question stratégique trop souvent réduite aux alliances politiques qui nous divisent depuis trop longtemps.
Bien sur, au cœur de notre stratégie de rassemblement, il y a la question des alliances, mais ne l’avons nous pas trop résumé précisément à cela ces dernières années au point que nos débats voire plus y prennent racine ? Réduire l’avenir de notre parti à la seul question des alliances, désignée, soit par gauche plurielle, pôle de radicalité ou rassemblement antilibéral nous écarte de la question fondamentale de notre existence autour de l’idéal communiste, que beaucoup nous somment d’abandonner.
A la première question, je réponds sans hésiter OUI. Je suis persuadé qu’abandonner cet idéal serait une erreur ou plutôt une faute à l’échelle de l’humanité.
 
Souvent nous avons rétorqué aux pourfendeurs de cet idéal, au nom des graves dérives que ce beau nom a subi, au temps de ce que nous appelions le socialisme réel, que nous ne demandions pas aux chrétiens de renoncer à leur religion et leur fois pour cause de l’ignoble inquisition qui a fait tant de victimes.
Mais il faut aller plus loin. Cette réponse ne suffit pas. Le travail d’inventaire n’est pas fini. Par exemple, continuons nous à parler de notre parti, de son histoire, de ses formes d’organisation comme si elles ne nous avaient pas été imposées de l’extérieur comme condition à une adhésion à l’internationale, au contenu décidé en d’autres cieux ? Le jeune camarade auquel je faisais référence parlait de Notre culture. En l’occurrence, ce n’était pas la nôtre, même si nous y avons tous adhéré. Mais c’est avec cette culture précisément qu’il faut rompre ; celle qui exclu, étiquette nous rend sourds aux autres. C’est pourquoi je réponds NON à la deuxième question. Notre parti ne peut rester en l’état et il appartiendra aux communistes de dessiner les contours de la forme d’organisation qui nous rassemblera demain. 
Loin de moi tout reniement confortable. Jamais l’on ne me fera jeter tout par dessus bord. Je ne crois pas au culte de la spontanéité. Je pointe seulement le fait qu’il me paraît possible de revoir cette origine, pour que l’action des communistes français se ressource dans les besoins et les évolutions du monde du 21ème siècle. 
Pour moi donc, parler de communisme n’est pas s’accrocher à quelque nostalgie ou respect de nos prédécesseurs, martyrs compris. Respecter leur mémoire, c’est continuer dans d’autres conditions. Non, parler de communisme, c’est redonner sens à notre combat originel contre l’égoïsme d’un système coupable de broyer des vies et installer les défiances, les divisions, les guerres. C’est rêver d’une société où non seulement les inégalités auront reculées mais plus encore, c’est construire un monde fraternel et humaniste avant tout.
Je suis convaincu pour ma part qu’il n’est point de salut dans la course au consumérisme, à l’acquisition de biens matériels en soi, à une époque où la planète regorge de richesse mal réparties, et que le système met en danger tous les équilibres écologiques.
 
On ne pourra apporter les mêmes réponses au 21ème siècle en terme de développement de l’humanité que nous avons apportées au 20ème.
Prenons la question du pouvoir d’achat que tente de récupérer Sarkozy avec son « travaillez plus pour gagner plus »
Cela ne pose-t-il pas dans le même temps la question de la mondialisation, des échanges économiques, de la régulation des échanges, des droits planétaires des salariés. (voir la Chine et les peintures au plomb dans les jouets (même si je suis convaincu que derrière il y a une guerre commerciale qui se mène où tous les coups sont permis comme on a pu le voir avec les fausses vraies copies des bouteilles de Perrier, fabriquées par un concurrent)
Prenons la retraite. Autant est inacceptable la brutale attaque contre les régimes spéciaux avec des relents démagogiques et trémolos dans la voix du président, autant nous ne pouvons seulement proposer de ne rien bouger ou simplement revenir à ce qui était.
Je crois que la CGT a raison de demander de tout mettre sur la table dans une société où le départ en retraite n’est pas ou n’est plus seulement un coût pour la société mais un apport intellectuel et économique, créateur d’emplois.
***
Un mot à propos du débat sur l’immigration. Tous les économistes sérieux disent que dans les prochaines décennies, nous devrons régulariser massivement des étrangers et les former, afin de répondre aux besoins de financement des retraites. Ne laissons pas ce débat à Sarkozy avec sa proposition d’immigration choisie. Ne faisons pas le dos rond parce qu’il se sert, et beaucoup d’autres avec lui, de cette question pour draguer et entretenir les voix extrémistes à droite afin de les capter.
Je suis fier pour ma part d’être le parrain de 2 enfants étrangères qui avec leur maman sont menacé depuis un an d’expulsion. Cette lutte, c’est la nôtre. Elle est notre identité, au nom de l’humanisme qui nous anime et pour des raisons foncièrement économiques.[1]
De même, qu’il ne faut pas avoir une vision déformée sur la réalité de la vie dans les quartiers dits populaires. Au Mas de Mingue, je puis témoigner des grandes possibilités d’agir avec tous, comme on le voit depuis une an sur la pharmacie ou dans toutes les autres rencontres comme ce week-end. Mais bien sur, cela nécessite de la présence.
 
Ce serait une erreur me semble-t-il de prendre des raccourcis, pour cela comme pour le reste, y compris pour préparer les futures échéances.
Le monde tourne mal. Nous vivons le siècle de toutes les insécurités. Le capitalisme est aujourd’hui incapable de répondre aux défis de l’humanité car il n’en maîtrise plus le système. La plus part des économistes, y compris Attali, dénoncent cet état de fait sans pour autant y apporter des réponses qui permettent d’éviter le pire.
 
C’est pourquoi, je pense que nous devrons être attentifs dans la préparation des élections municipales à ce que le projet s’articule bien entre ces différents niveaux.
Comment inscrire la ville et l’agglomération non pas en terme de compétitivité au sens où droite et Frêche l’entendent mais en ayant à cœur son développement économique, au regard de son évolution démographique, se sa situation géographique, et donc de la question des transports ( je ne développe pas sur les questions du contournement, du Viaduc) de ses besoins en terme d’urbanisme, de quartiers agréables à vivre, de logements, d’équipements pour les jeunes ménages…Je crois nécessaire enfin de dire que nous devons nous appuyer sur ce que nous contribuons à faire avancer que ce soit au CG et au CR, bien sur sans gommer les insuffisances dues à l’Etat et parfois à la volonté de nos partenaires des majorités. Je sais qu’au CR, les chargés de mission sont à pied d’œuvre pour que les candidats du PS bénéficient de toute la logistique. 
(Pour sa part le groupe communiste du Conseil régional travaille à un document qui sera présenté à la presse en novembre pour aider précisément les candidats du parti.)
 
Enfin, je pense qu’il faudra au plus tôt désigner la tête de liste chargée de fédérer le plus largement possible les forces de progrès à Nîmes. Je reste sur mon choix de départ.
Je pense au regard de ce que j’entends dans tous les réseaux, initiatives, représentations où je suis présent, que la notoriété d’Alain pour cela est plus qu’intacte. Une telle décision n’est pas antinomique me semble-t-il avec la volonté de rassembler, de faire la lace au plus grand nombre.
 
 
 


[1] Des travaux universitaires, financés par la délégation que j’anime, à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie du Conseil Régional, sur l’histoire des comportements racistes en Languedoc-Roussillon et des raisons du vote FN avec la porosité entre partis comprise, vont débuter le mois prochain.
 
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