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  le blog pcf-nimes

Front de Gauche Nîmes

Discours prononcé par Christian Bastid pour le vernissage de l’exposition « La Rétirada » Le 4 mars 2009

Publié le 18 Mars 2009 par section pcf nimes



Discours prononcé par Christian Bastid

pour le vernissage

de l’exposition « La Rétirada »

Le 4 mars 2009


De nombreuses personnalités été présentes, Alain Clary, Jean-Paul Boré, Eddy Pons, Bernard Calendini, Jean Chaulet, Michel Perfettini, Eliane et Jean-Louis Mons, Claude Mazauric, Alain Fabre-Pujol, Julio Zapata Parra…


58 ans après le vœu de Dolorès Ibaruri « la Pasionaria » a finalement été exaucée. En novembre 1996, l’Espagne démocratique a rendu un vibrant hommage aux derniers survivants des Brigades Internationales.


Invités à Madrid, les vétérans se sont vus accorder la nationalité espagnole par le Congrès des Députés.


Mais demeure encore bien des zones d’ombre. Bien des obstacles sont semés sur le chemin de la connaissance et que soit faite la lumière sur les causes du drame qui a ensanglanté la terre d’Espagne.


Il y faut le combat conjugué et courageux des forces démocratiques, d’intellectuels, au premier rang celui des jeunes historiens, pour que la chape de plomb qui a écrasé ce pays près d’un demi siècle durant, ne se referme jamais.


Il est de bon ton aujourd’hui de chercher, sous couvert d’apaisement et de concorde nationale, à laisser le lierre recouvrir ce passé tragique et, en fin de compte, de renvoyer dos à dos les forces républicaines du gouvernement espagnol légitime et les factieux du Général Franco avec ses alliés Hitler et Mussolini.


Nous somme solidaire de toutes les forces, de toutes celles et ceux qui en Espagne, collectivement ou individuellement, travaillent à l’émergence de la vérité historique.


C’est la raison de cette exposition, sur une période de cette guerre, que les amis du Prolé, grâce à nos amis Elie et Marcel Rubio et Roulio Zapata, donne à voir durant quelques jours.


Elle retrace le calvaire de ces hommes et femmes de tous âges, de toutes conditions, qui sous le feu des putschistes ont fui leur patrie. La rétirada.


Ce sont près d’un million et demi d’espagnols qui, en quelques semaines, dans les conditions les plus épouvantables, traversent les Pyrénées.


Une fuite pleine de rancœur vis-à-vis des politiciens qui se sont vautrés dans la non intervention. Laissés seuls, face à un ennemi féroce, puissamment armé, peu à peu étranglés, alors que l’Espagne s’ouvrait à la démocratie.


Rancœur légitime, aggravée encore par les conditions d’accueil, ici en France, par ceux qui s’apprêtaient à livrer notre pays à la collaboration avec l’Allemagne nazie.

Ils sont parqués dans des camps, sans soins, gardés la nuit par des gardes mobiles. Il faut lire les articles de la presse de l’époque, pour mesurer la haine de classe qui a pesé sur les consciences de nos concitoyens et préparé d’autres bassesses qui plongeront notre pays dans l’humiliation.


Pourtant, l’Espagne républicaine entraînera un élan de solidarité exceptionnel.


Les intellectuels les plus grands se sont mobilisés. Picasso fera Guernica, fresque qui marque au fer l’ignominie, la légion Condor et les troupes fascistes. Aragon, Eluard, Malraux, Mauriac, Romain Rolland, Neruda, Jean Cassou, Thomas Mann et bien d’autres, ont écrit des pages exceptionnelles de beauté, pour appeler à la solidarité, dénoncer le complot, rassembler autour de l’Espagne un front large et combatif.


Bien des penseurs d’obédience chrétienne, comme Georges Bernanos, se démarqueront des positions officielles de l’église et s’activeront courageusement.


La solidarité internationale fera que des milliers de patriotes s’engageront dans les rangs des brigades et combattront pour la liberté.


Venus de tous les peuples, ils sont venus comme des frères. Des milliers dorment à jamais sur le sol  espagnol, offrant leur jeunesse ou leur maturité, leur science ou leur expérience, leur sang et leur vie, leurs espoirs et leurs souhaits.


Dès les premiers jours du conflit, les communistes ont mis leur organisation au service du combat commun.


Ici dans ce Prolé, dans sa cour, des centaines et des centaines de réfugiés ont été accueillis. Ici, s’organisait la solidarité. Ici, bien des familles ont reçu l’accueil qu’une nation civilisée aurait du rendre à des réfugiés.


Ce combat d’hier est malheureusement encore d’actualité.


Loin de se laisser abattre, nombre de ceux qui, les armes à la main, avaient combattus Franco et ses hordes sanguinaires, les reprirent en France pour la libération du sol national.


Nos pensées se tournent en ce moment vers Christino Garcia, combattant valeureux dans le maquis gardois, durant les longues nuits et qui la paix revenue s’en retourna en Espagne pour libérer sa Patrie. Arrêté par la police franquiste, il sera exécuté malgré la protestation venue de tous les pays.


Nombre de ces espagnols ont rejoint les rangs du Parti Communiste Français, ils y ont eu des responsabilités importantes, comme Wladimir Guiu. Cela a tissé des liens étroits, fraternels, amicaux. Ils durent encore, et c’est avec émotion que nous revivons ces instants de douleur que tant de familles ont endurés. D’autant que le franquisme n’a eu de cesse de poursuivre de sa haine toutes celles et ceux qui se sont opposés à son pouvoir dictatorial et cela jusqu’à sa mort.


Et c’est tout naturellement, qu’en retour, nombre de militants communistes ont apporté leur solidarité aux démocrates d’Espagne.


C’est une page d’histoire peu connue, mais le Gabriel Bergonier, Marc Grimaud ont souvent traversé les Pyrénées, pour livrer tracts, journaux, accompagner tel ou tel dirigeant, récolter des renseignements, etc.


C’est d’ici aussi, que nombre de manifestations, pour sauver nombre de démocrates, ont pris leur essor.


Puisse cette modeste exposition rappeler à toutes celles et ceux qui n’ont pas connu cette période, de se faire une juste opinion ou, pour le moins, donner à réfléchir sur cette période terrible et se rappeler que c’était hier.

 


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