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VOUS VOUS TROMPEZ MADAME…
Votre déclaration, Madame Juanico, concernant le 19 mars 1962 m’a profondément choqué. Nul de vous conteste le droit d’avoir une opinion sur l’Algérie. Vous n’avez pas le droit de travestir l’histoire. Le 19 mars 1962 est la date officielle du cessez le feu décidé la veille, le 18 mars 1962, en vertu des Accords d’Evian signés par le Gouvernement français et le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne et qui reconnaissaient l’indépendance de l’Algérie. Ces Accords mettaient fin à une guerre meurtrière qui avait duré 7 ans, 4 mois et 18 jours.
Les Accords d’Evian furent ratifiés à 90,06% par le Peuple de France lors du référendum du 8 avril 1962.
Ils déclenchèrent, non pas une explosion de violence, mais une explosion de joie parmi les Algériens qui les approuvèrent à 99,72 %. Par contre les partisans de l’Algérie française groupés au sein de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète) créée en 1960, à l’initiative du Général Salan, au lendemain de la déclaration du 16 septembre 1959 du Général De Gaulle en faveur de « l’autodétermination » amplifièrent, à partir du 19 mars 1962, les crimes, les attentats en France et en Algérie. A cette époque, chaque nuit en France et en Algérie, était ponctuée d’explosions contre des personnalités coupables aux yeux de l’OAS d’être favorables à l’indépendance de l’Algérie. Ce déchaînement de violence créa un climat de panique qui conduisit des centaines de milliers d’Algériens d’origine européenne à quitter précipitamment ce qui aurait pu rester leur pays. Il est vrai que les provocations criminelles de l’OAS entraînèrent parfois, comme à Oran le 5 juillet 1962, des réactions meurtrières. Mais c’est nier l’histoire que d’imputer au Algériens les crimes commis par l’OAS.
Vous faites partie, Madame, au Conseil municipal de Nîmes, d’une majorité à dominante gaulliste. Auriez-vous oublié que c’est l’OAS qui attenta, heureusement sans succès, à la vie du Général De Gaulle qui, le soir du 18 mars 1962, avait déclaré : « Nos deux Peuples sont fait pour se comprendre et non pour se combattre »…
Je n’ose croire que vous avez sciemment travesti l’histoire. Au fond votre déclaration témoigne d’une perte assez courante des repères mémoriels sur cette période douloureuse. C’est pour contribuer à la vérité historique que nous avons créé l’association France-El Djazaïr. Car c’est la condition d’une amitié durable si nécessaire entre l’Algérie et la France.
Bernard DESCHAMPS
Président de France-El Djazaïr